Les grosses comme fonds de commerce...

Voilà quelques temps déjà que je me pose cette question : les grosses (ou, plus hypocrite et politiquement correct, les « rondes » ou « pulpeuses »), seraient-elles en passe de devenir un nouveau fond de commerce ?

Je m’explique : depuis  deux ou trois ans, je vois ou j’entends de plus en plus parler de ces personnes « oversized – et – qui – assument »: télé, journaux, musique (Beth Ditto est une warrior !!!), blogs (Big Beauty en tête) et publicités (remember le buzz fait par Dove).

Sincèrement, même si je ne rentre pas du tout dans cette catégorie (avec  mes 48kg tout mouillé et les pectoraux qui me servent de seins, je suis mal barrée  ), cela m’a fait plaisir à voir. Pensez-donc, de VRAIES femmes (donc avec la panoplie seins-hanches-fesses) en couv’ à la place des « porte manteaux anorexiques qui te font croire que t’es obèse alors que tu fais un 36 » (oups, des « mannequins »), faut avouer que c’est rassurant et décomplexant !

Cependant, au-delà de cette redécouverte du « big is beautiful », quelque chose me gêne. Tout le bordel autour, en fait.

Premier exemple, la pub Dove : ce sont les premiers à avoir compris que montrer autre chose qu’un corps parfait photoshopé allait rapporter… gros (oui, j’ai osé ). Et ils ne se sont pas trompés ; en plus d’hériter du statut de « novateur » et de « libérateur de complexes », ils ont pu toucher une (plus) grande partie des femmes en passant pour une marque créée pour elles et non pas pour un stéréotype publicitaire, et ainsi donc… Ben oui, gagner du pognon.

Deuxième exemple : le développement des vêtements estampillés « grande taille ». Alors que jusque là, quand on dépassait le 40 il fallait se couvrir avec des trucs immondes, révolution ! Les industriels se sont rendus compte que la moyenne française est le 40-42 et se sont (enfin) mis à créer des trucs sympas, en partenariat avec une égérie « oversized » (Marianne James et Taillissime de La Redoute, ça vous parle ?). Non pas par altruisme, évidemment. Il était temps quand même (une pensée à toutes celles qui ont du subir les pantalons en molleton et les blouses de mémé).

Troisième exemple, M6 et son émission « Belle toute nue », où l’on ne présente que des rondes blindées de complexes (à croire que les « nonossss » dans mon genre ne sont pas mal dans leur peau). Pour les rassurer sur elles mêmes, on emploie un styliste dégingandé (William), qui par effet d’optique les rend plus volumineuses encore (bah quoi ?). Ce dernier s’évertuera à « cacher la misère » (pardonnez-moi l’expression) à grands renforts de gaines, culottes ventre plat et soutif « remonte sous la gorge », sans compter la coupe de cheveux et le maquillage impossibles à refaire soi même. Et assènera à sa pauvre victime le coup de grâce avec une photo à poil (photo bien évidemment retouchée pour masquer la peau d’orange ou les vergetures). Je ne suis pas sûre que tout cela vienne à bout d’un mal être ancré depuis plusieurs années… Mais ça rapporte quand même 16,7% de parts de marché à M6 pour la seconde partie de soirée.

Mais plus que tous ces exemples, ce qui me fait hurler, c’est que l’on dise « acceptez-vous comme vous êtes », tout en continuant à nous abreuver au fil de revues ou émissions TV (je ne compte pas internet, c’est trop), de conseils pour… Perdre du poids (y’a qu’à voir le nombre de « dossiers régime » dans la presse féminine).

 Sans compter que la beauté reste encore un facteur de promotion et de représentation sociale. N’y aurait-il pas contradiction quelque part ?